Legs

Cette bande dessinée est tirée de l’album « 500 ans de résistance autochtone » (The 500 Years of Indigenous Resistance Comic Book) créé par l’artiste et historien Kwakwaka’wakw Gord Hill.


AVERTISSEMENT : Certaines images sont de nature très crue et peuvent être troublantes.

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Comment les Européens ont-ils colonisé la côte nord-ouest du Pacifique?

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Dans les années 1820, la Compagnie de la Baie d’Hudson constituait le principal pouvoir colonial de la région, même si le commerce des fourrures était en déclin. La compagnie détenait de nombreux forts et de nombreux bateaux.

En 1828, un village Klallam, dans l’État de Washington, fut détruit par une canonnière de la Compagnie.

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En 1849, l’île de Vancouver fut déclarée colonie officielle avec la CBH agissant à titre de gouvernement.

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Au même moment, l’établissement de colons et la vente de terres étaient devenus des sujets cruciaux pour le gouvernement…

« Les Kwakiutl sont toujours des chasseurs de têtes? »

« Oui monsieur… »

Pendant 30 ans, les canonnières de la Marine royale ont été utilisées pour servir le colonialisme britannique et contrôler les tribus côtières.

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Les canonnières servaient de forces militaire et policière…

Elles étaient lourdement armées avec 50 canons et roquettes ainsi que des soldats de la Marine Royale.

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En 1862, une épidémie de variole se déclara à Victoria. Les autorités coloniales ont forcé une centaine d’Autochtones à s’en aller.

Infectés, ils sont retournés dans leurs villages et ont répandu la maladie. On estime qu’une personne sur trois est morte en 2 ans. L’épidémie s’est déclarée avec l’arrivée d’un plus grand nombre de colons européens.

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En 1871, la C.-B. est entrée dans le Canada. En 1874, la Loi relative aux terres de la C.-B. fut adoptée pour ouvrir le territoire à la colonisation.

Le Canada émit le Désaveu de 1875, supprimant ainsi la Loi relative aux terres de la C.-B., citant l’échec de la province à conclure des traités stipulant légalement la cession des terres par les Autochtones.

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En réponse à cela, la C.-B. menaça de se retirer du Canada…

En 1876, le Canada adopta la Loi sur les Indiens, qui avait pour effet d’étendre le contrôle gouvernemental sur tous les Autochtones, incluant ceux de la C.-B., " légalisant " ainsi le vol des territoires autochtones.

Vignette 1

Cette bande dessinée est tirée de l’album « 500 ans de résistance autochtone » (The 500 Years of Indigenous Resistance Comic Book) créé par l’artiste et historien Kwakwaka’wakw Gord Hill.


AVERTISSEMENT : Certaines images sont de nature très crue et peuvent être troublantes.

Vignette 2

« Comment les Européens ont-ils colonisé la côte nord-ouest du Pacifique? »

(Le titre est en blanc sur fond noir avec une police de caractères rappelant l’écriture à la craie. Toutes les images suivantes sont dessinées à la main et sont en noir et blanc.)

Vignette 3

« Dans les années 1820, la Compagnie de la Baie d’Hudson constituait le principal pouvoir colonial de la région, même si le commerce des fourrures était en déclin. La compagnie détenait de nombreux forts et de nombreux bateaux.

En 1828, un village Klallam, dans l’État de Washington, fut détruit par une canonnière de la Compagnie. »

(Un dessin d’hommes sur une canonnière chargeant des canons et tirant sur un village côtier.)

Vignette 4

« En 1849, l’île de Vancouver fut déclarée colonie officielle avec la CBH agissant à titre de gouvernement. »

(Un dessin d’un fort avec un drapeau britannique.)

Vignette 5

« Au même moment, l’établissement de colons et la vente de terres étaient devenus des sujets cruciaux pour le gouvernement…

Pendant 30 ans, les canonnières de la Marine royale ont été utilisées pour servir le colonialisme britannique et contrôler les tribus côtières. »

(Un dessin de trois hommes pointant une carte intitulée « Colonie de l’île de Vancouver ».

Un des hommes dit : « Les Kwakiutl sont toujours des chasseurs de têtes? », ce à quoi répond un autre homme :

« Oui monsieur… ») 

Vignette 6

« Les canonnières servaient de forces militaire et policière… Elles étaient lourdement armées avec 50 canons et roquettes ainsi que des soldats de la Marine Royale. »

(Un dessin de canons enlignés d’un côté d’une canonnière et d’un soldat de la Marine en uniforme qui regarde vers la rive, un mousquet entre les mains.)

Vignette 7

« En 1862, une épidémie de variole se déclara à Victoria. Les autorités coloniales ont forcé une centaine d’Autochtones à s’en aller. Infectés, ils sont retournés dans leurs villages et ont répandu la maladie. On estime qu’une personne sur trois est morte en 2 ans. L’épidémie s’est déclarée avec l’arrivée d’un plus grand nombre de colons européens. »

(Un dessin d’une femme couverte de variole morte sur la plage. Un corbeau picosse son visage. Derrière il y a une maison longue et deux autres morts sur la plage.)

Vignette 8

« En 1871, la C.-B. est entrée dans le Canada. En 1874, la Loi relative aux terres de la C.-B. fut adoptée pour ouvrir le territoire à la colonisation. Le Canada émit le Désaveu de 1875, supprimant ainsi la Loi relative aux terres de la C.-B., citant l’échec de la province à conclure des traités stipulant légalement la cession des terres par les Autochtones. »

(Une main tient un papier intitulé « Devoir de désaveu ».)

Vignette 9

« En réponse à cela, la C.-B. menaça de se retirer du Canada…

En 1876, le Canada adopta la Loi sur les Indiens, qui avait pour effet d’étendre le contrôle gouvernemental sur tous les Autochtones, incluant ceux de la C.-B., " légalisant " ainsi le vol des territoires autochtones ».

(Une main tient un papier intitulé « Loi sur les Indiens de 1876 ». À côté, il y a d’autres papiers intitulés « Conseils de bande », « Réserves » et « Statut ».)

Cliquez ou appuyez sur Entrée pour retourner les cartes et regarder une vidéo.

Vidéo: De quelle façon est-ce que les Heiltsuk marient l’archéologie au savoir traditionnel pour raconter une autre version de l’histoire du capitaine Vancouver?

Passer à la carte suivante

Un narrateur lit la transcription d’un journal de bord : « [À] quatorze heures, lundi le 27… nous avons jeté l’ancre dans 12 brasses d’eau… où se trouvait une plage de sable fin… par l’abattage de quelques arbres, on obtint une très bonne situation pour l’observatoire et les tentes. » Capitaine George Vanvouver, baie Restoration, mai 1793. 

(Une entrée de journal apparaît en écriture cursive sur une image de l’océan et des montagnes en territoire Heiltsuk. De la musique méditative joue en arrière-plan.)

Dylan Burrows, un historien Anishinaabe dit : Le peuple Heiltsuk a été témoin de l’expédition de Vancouver au début de sa deuxième saison alors que ces invités non désirés étaient occupés à recartographier leur territoire. Elroy White nous invite à Bella-Bella afin de nous renseigner davantage sur le passage de Vancouver dans les eaux de son peuple. 

(Dylan est debout en forêt. Il a les cheveux attachés et porte une chemise à manches courtes beige.)

Elroy est archéologue, historien du potlatch, danseur et chef héréditaire qui combine les recherches sur le terrain et les techniques de recherche traditionnelles, dont l’utilisation des journaux de bord historiques du capitaine Vancouver et de son équipage. Il nous parle, alors qu’il se trouve dans une grande maison Bella-Bella, des raisons qui l’ont amené à devenir archéologue. 

(Elroy est assis devant deux piliers de maison sculptés à l’intérieur de la grande maison. Il a les cheveux gris et porte des lunettes. Il porte un t-shirt orange et des jeans.)

Elroy : Quand j’étais enfant, je voulais être explorateur, mais je ne savais pas comment y arriver à l’époque. Quand j’ai commencé à étudier ma culture, j’ai réalisé que je n’avais pas à aller très loin, que je pouvais le faire sur mon territoire. Je me suis donc mis à utiliser les outils de l’archéologie pour m’aider à me familiariser avec les sites de mes ancêtres. Et je suis devenu professeur et chanteur, ici, dans ces grandes maisons. Vous savez, ces chansons et ces danses sont liées à ces piliers de maison sculptés, liées à la devanture de la grande maison, liées au tronc qui sert de tambour, et chaque chef à son propre répertoire de chansons, de danses et d’histoires. Alors si quelqu’un dit « j’ai ce type de danse », il partage en fait une partie de son histoire ancienne qui a été transmise à travers les générations. Donc, quand j’ai été formé comme archéologue, j’ai été formé pour penser aux choses en tant que culture matérielle, c’est quelque chose de physique. Moi, par contre, je pratique le potlatch, je vois les arbres généalogiques, j’entends des chansons, et je sens leur présence sur le territoire –, quelque chose qu’il est impossible de faire en tant que scientifique, mais je ne suis pas qu’un scientifique.

(On voit un croiseur de haute-mer amarré.)

Dylan : Tôt le lendemain, nous avons voyagé avec Elroy à bord du Northern Lights afin d’en connaître davantage sur son travail.

Elroy : Je me souviens encore des journaux de bord de Vancouver; pas seulement le sien, mais ceux de tous les marchands de fourrures ou notables qui ont pris des notes. J’essaie d’établir une corrélation entre leurs notes et l’information que nous possédons, notre histoire culturelle. 

(Elroy parle à Dylan pendant que le bateau avance. On entend le bruit du moteur en arrière-plan.) 

Dylan : Les Heiltsuk ont toujours fait le commerce de la fourrure avec leurs voisins, et ils le faisaient avec des Européens depuis plusieurs années déjà avant l’arrivée de Vancouver. Il y avait plus de 50 villages sur ce territoire lorsque Vancouver a visité la côte. 

(Carte de la côte du Nord-Ouest montrant les limites du territoire des Heiltsuk.)

Traditionnellement, les Heiltsuk défaisaient leurs grandes maisons et les déménageaient selon les saisons dans différentes parties du territoire pour commercer, chasser ou amasser de la nourriture, selon le droit et le pouvoir héréditaire des chefs mais aussi pour honorer leur responsabilité qui était de prendre soin de leur peuple et des terres qu’ils occupaient.

En 1862, l’épidémie de variole a tué les deux tiers des habitants autochtones de la côte du Nord-Ouest. Sous l’insistance des missionnaires et des agents coloniaux, les Heilstuk ont petit-à-petit évacué plusieurs de ces villages pour se regrouper à Old Town, et plus tard à Bella-Bella. Elroy étudie ces villages ancestraux depuis près de vingt ans. Aujourd’hui, nous allons en visiter quelques-uns. 

(Une carte du territoire Heiltsuk montre la localisation de Old Town et de Bella-Bella.)

Elroy : Ok Dylan, nous avons quitté Bella-Bella. C’est là que tout notre peuple s’est rassemblé, toutes nos tribus, après que la variole eut frappé. Et maintenant nous allons vers le sud à travers le passage Lama. Nous allons aller vers l’est vers l’île King et faire une visite rapide à ‘Háƛ̓iğvis, ou Port John.

(Une carte du territoire Heiltsuk montre la route entre Bella-Bella et le premier arrêt.)

Dylan : Les recherches d’Elroy localisent et cartographies des anciens pièges à poisson en pierre près de ces villages ancestraux. Il travaille également avec le Département de gestion intégrée des ressources Heiltsuk afin de cartographier les sites culturellement significatifs. Ces murs de pierre construits près des rivières et des ruisseaux étaient très répandus le long de la côte autochtone. Les poissons ayant dérivé vers la rive à marée montante, passaient par-dessus le mur et y restaient coincés lorsque la marée se retirait. 

(Un graphique démontre la façon dont les pièges à poissons fonctionnaient.)

Elroy: La famille de mon père, le côté Blanc, du côté de son père, c’est ici qu’ils ont grandi. Ceci était leur village. Il faut juste savoir que les membres de ma famille ont travaillé à ces pièges à un moment donné, qu’ils ont marché le long de ces plages, remonté le ruisseau, et sont probablement allés jusqu’à la roche peinte, lorsqu’ils avaient un peu de temps pour explorer, pour voir ces peintures.

Dylan : Des pierres sculptées ou peintes sont souvent retrouvées près de ces villages ancestraux. En haut d’une falaise surplombant le village, Elroy a redécouvert une peinture qui pourrait être liée à la visite de Vancouver. Certains chercheurs croient que cette image représente la bouche d’un monstre marin, d’autres interprétations populaires pensent que c’est un OVNI. Elroy a quant à lui une autre interprétation. 

Elroy : Pour ma part, la forme du dessous ressemble à un gḷ́w̓a, un canot. Et la partie du haut, je trouve que ça ressemble au-dessus d’un bateau de toile. Et à l’intérieur, tu peux voir des lignes droites, comme des rames qui sortent. Ce ne sont pas des gens, ce sont des rames. C’est ce que je pense. Et les gens plus bas sont ceux accueillant les bateaux. Et quand je pense aux notes de George Vancouver, les gens sont venus à lui. Vancouver n’est pas allé dans le village. Alors, on dirait que ces gens s’en vont entourer le bateau pour faire de la traite. 

(On voit des images des pétroglyphes qui sont décrits.)

Dylan : Ce pourrait-il qu’il ait raison? Nous savons que les gens de l’expédition de Vancouver ont réalisé leurs relevés à bord de petits voiliers ouverts. Voici ce qu’Archibald Menzies, chirurgien et naturaliste pour Vancouver a noté dans son journal :

Le narrateur lit l’entrée du journal : « Nos bateaux et nos gens étaient beaucoup mieux équipés pour affronter le mauvais temps que lors de la saison passée… un grand auvent couvrant tout le bateau et qui permettaient tant aux passagers, aux provisions qu’aux vêtements de rester au sec lorsqu’il pleuvait… [le fait d’être mouillés] pouvait [drainer] leur force dans l’exercice constant et éreintant du maniement des rames. » 29 mai 1793.

(Une transcription d’un journal de bord apparait en écriture cursive sur une toile d’un des petits bateaux de Vancouver.)

Dylan : Nous avons quitté notre position pour continuer notre voyage le long du canal de Johnson.

(Une carte du territoire Heiltsuk montre le trajet emprunté par le bateau le long du canal, vers le nord.)

Elroy : Nous ne sommes plus en territoire Y̓ísdáitx̌v. Nous sommes maintenant en territoire W̓uíƛ̓itx̌v, ce qui signifie le peuple de l’intérieur des terres. Nous approchons d’un village près duquel Vancouver est passé et où il avait vu un village sur un rocher. Il décrit un rocher et il le mentionne – je crois qu’il n’y avait qu’une maison. Et sur cette maison il y a une ligne-forme ou un dessin sur la devanture, comme sur notre grande maison à Bella-Bella. Et je crois vraiment que là où nous allons aujourd’hui, nous allons voir l’île près de laquelle il est passé. C’est cette île, juste là. 

Le narrateur lit une entrée de journal : « Le village était situé sur un rocher dénudé à environ cinquante verges du continent… Ce rocher était couvert de maisons construites très près les unes des autres… ce qui donnait davantage l’impression d’une seule grande maison plutôt que de plusieurs maisons séparées. Elles étaient peintes d’une des plus curieuses façons, de toutes les couleurs, avec des figures des plus grotesques d’hommes, de bêtes et de poissons… » Edward Bell, aspirant de marine, 13 juin 1793. 

(Une transcription d’un journal de bord apparaît en écriture cursive sur une image d’une petite île avec de grands épicéas dessus.) 

Dylan : Plus tôt, Elroy nous avait expliqué comment interpréter ces décorations de maison connues sous le nom de système de lignes-formes.

Elroy : Tous les types de lignes-formes sont conçus pour représenter un être surnaturel ou une figure clanique (« Crests »). Nous faisons donc tous partis d’un clan. Les principaux clans, jusqu’à maintenant, sont le Corbeau, l’Aigle, l’Épaulard et le Loup. Et si c’était leur maison, ils auraient été sur la devanture de la grande maison pour ainsi informer tous ceux qui allait y entrer de l’identité du propriétaire. Et ils ont leurs propres histoires, ce que nous appelons núyṃ́; il s’agit d’une histoire de création ou de première génération, ce qui signifie qu’ils ont de très, très vieux ancêtres.

Dylan : De retour sur le bateau, Elroy explique ses méthodes archéologiques pour identifier les sites villageois. 

Elroy : Il y a certains critères que nous recherchons pour trouver où un village pourrait avoir été situé, et l’un d’eux est la présence d’épicéas, d’arbres à l’avant, puis la présence d’un versant en pente. Et si nous pouvons inspecter le sol, nous pourrions y retrouver un amas de coquillage noir et graisseux. Dans ce cas-ci, il y a des incisions dans le rocher devant, ce qui vient appuyer l’hypothèse selon laquelle c’est ici que Vancouver serait passé et aurait remarqué la maison avec les lignes-formes. Donc, cette île, elle a l’air d’être très petite, mais quand tu marches dessus, elle est en fait très grande. Et là où se trouvent les épicéas, ils poussent probablement sur le cadre de l’ancienne grande maison. Ils ont moins de 200 ans. Là où l’eau clapote sur les rochers, c’est là où se trouvent les incisions dans le rocher. Oui, elles sont présentement sous l’eau. La marée est beaucoup trop haute.

Dylan : Sur le site du prochain village, nous en apprenons davantage à propos du travail d’Elroy auprès de la jeunesse heiltsuk.

(Une carte du territoire des Heiltsuk montre le trajet du bateau en direction nord-ouest.)

Elroy : Je suis venu dans ce village plusieurs fois et j’ai amené beaucoup d’enfants ici. Le chef principal ici était Wákas. Il y avait apparemment dix à douze, ou même peut-être vingt maisons à une certaine époque. 

Dylan : Quelles sont les réactions des jeunes quand ils viennent ici?

Elroy : Ils sont très excités parce que plusieurs d’entre eux sont des descendants du chef actuel ou de l’ancien chef Wákas. Ils se reconnectent donc avec l’endroit d’où proviennent leurs ancêtres. Et l’autre chose qui les excite est qu’ils doivent aider mon équipe à faire des fouilles archéologiques, afin que nous puissions comprendre le site beaucoup mieux à travers la science et à travers l’histoire orale.

Dylan : Leur travail complété, les bateaux retournaient à l’observatoire de la baie Restoration afin de remonter à bord du NSM Discovery et du NSM Chatham et repartir en mer.

Il n’est pas clair de savoir quel aurait été leur dernier arrêt en territoire Heiltsuk – serait-ce le village hivernal situé ici, ou plutôt le village estival au cap Swaine?

Elroy nous en dit davantage à propos de ce à quoi pouvaient ressembler ces grands villages.

(Une carte du territoire Heiltsuk montre le trajet emprunté par le bateau vers l’ouest puis vers le large.)

Elroy : Ceci est le village de Qaba, qui faisait partie de la tribu Q̓úqvay̓áitx̌v. C’était le village hivernal à une époque, jusqu’en 1890. Il y avait plusieurs familles ici, et la plus grande maison était en plein au centre et elle appartenait au chef nommé Woyala – il était un grand chef Épaulard. À côté de lui il y avait le chef Q̓ait qui était du clan de l’Aigle. Puis il y avait d’autres chefs : Le chef Q̓víɫtakv, Himasbat du clan du Corbeau, Hṃ́zit était ici aussi parce que ses ancêtres étaient littéralement avec chaque tribu sur notre territoire. Alors c’est ici, je crois, que le Discovery et le Chatham sont venus et qu’ils ont jetés l’ancre quelque part près d’ici, et qu’ils ont rapporté qu’il y avait des activités dans ce village hivernal.

Le narrateur lit une entrée de journal : En général, les chefs s’approchaient à la rame de nous pour exécuter le premier tour cérémoniel du navire, puis repartaient de la même manière, en chantant une chanson qui n’était pas déplaisante. Ils continuaient parfois à chanter jusqu’à ce qu’ils soient rendus assez loin. Ils semblaient être des gens heureux et joyeux, vivant dans la plus stricte harmonie et en bons termes entre eux. Ils étaient bien versés dans le commerce. Environ 180 fourrures de loutres de mer ont été achetées au cours de leurs nombreuses visites. Capitaine George Vancouver, juin 1793.

(Une inscription d’un journal de bord apparait en écriture cursive sur une toile du NSM Discovery avec un canot près de lui.)

Elroy : Wow, nous avons fait tout un voyage. Sacrebleu! Nous avons fait le tour de trois îles et croisé trois tribus. Et cela a démontré que ces grands chefs ne restaient pas dans leurs propres tribus. À l’époque, ils cherchaient vraiment des gens avec qui commercer, puis ils traitaient entre eux et faisaient leurs propres collectes saisonnières de nourriture, et ainsi de suite. C’est fascinant de voir comment, quand nous cartographions mentalement ces arbres généalogiques, nous pouvons vraiment arriver à faire des corrélations avec les journaux de bord historiques.

Dylan : C’est tout simplement époustouflant.

Elroy : Je partage les núyṃ́s et les chansons. Et je mets tout cela ensemble. C’est une approche que je préfère utiliser et que j’appelle M̓ṇúxvit. Littéralement, cela signifie devenir un seul ou s’unifier. Donc, plutôt que d’utiliser une seule approche, ça les combine toutes ensembles. 

Dylan : Et, tu sais, c’est ce que nous faisons en ce moment, de mettre ensemble les histoires orales et les archives historiques écrites pour réécrire l’histoire de cet endroit ou, tu sais, retrouver l’histoire de cet endroit.

Elroy : Mm-hmm. C’est vrai.

(Elroy et Dylan parlent ensemble sur le bateau.)

(Des images filmées à partir d’un drone montrent le bateau près du site du village. De la musique méditative joue en arrière-plan pendant que l’image s’estompe jusqu’à ce que l’écran devienne noir.)

Vidéo: Quel a été l’impact de la colonisation sur les gens de Yuquot?

Passer à la première carte

(On entend des tambours et des chants. On entend le vent souffler en arrière-plan. Une photo couleur du chef Ambrose Maquinna avec les cheveux blancs et portant des lunettes carrées et un t-shirt à l’effigie du chef Maquinna de la fin des années 1700. On peut lire le texte : « Ce film est inspiré des écrits de feu chef Ambrose Maquinna ».)

Une citation en texte écrit à la machine à écrire apparaît et se lit comme suit : « Nous sommes la Première Nation de Mowachaht et Muchalaht, les gens de la baie Nootka sur la côte ouest de l’île de Vancouver. Cette région a été le pays de nos ancêtres depuis le début des temps. …. Nous sommes ici pour partager avec vous notre compréhension de notre histoire et de notre culture, et en particulier de Yuquot, notre communauté la plus importante. » Chef Ambrose Maquinna, Gold River, 1997

Narratrice : Yuquot signifie « là où les vents viennent de toutes les directions. » Pour nous, Yuquot est le centre du monde et le meilleur endroit où être, entre l’abondance et l’énergie de l’océan et la majesté et la richesse de la forêt et des anses.

(Courts extraits vidéo de l’anse de Yuquot et des collines boisées et des plages autour. Prise de vue d’un pilier de bienvenue sculpté.)

Narratrice : C’est un endroit de pouvoir et de changement. Un endroit qui regorge d’histoires, dont celle du premier chef Maquinna rencontrant les Européens lorsqu’ils sont arrivés ici sur leur « maisons flottantes », il y a plus de 200 ans. 

(Un dessin du chef Maquinna de la fin des années 1700 portant les habits cérémoniels traditionnels et un chapeau tissé. Un tableau du navire NSM Resolution

Narratrice : Nous étions contents de la traite – l’échange de quelques fourrures contre des biens auxquels nous attribuions une grande valeur, comme du fer et du tissu. Nous étions attentifs à nous lier d’amitié avec tous nos visiteurs. Nos talents pour la diplomatie et pour le troc ont valu à Yuquot le nom d’anse Amicale.

(Croquis de villageois traitant avec des commerçants de fourrures.)

Narratrice : Le commerce des fourrures a amené Yuquot au centre de l’histoire occidentale. 

(Tableaux de navires britanniques et espagnols ancrés à Yuquot.)

Citation à l’écran : « De nombreux navires se mirent à arriver à Yuquot. C’était une bonne période pour nous. Nous avons appris qu’ils ne provenaient pas tous de la même nation, ou ne parlaient pas tous la même langue. Nous avons aussi appris que certains de nos visiteurs étaient de bonnes personnes alors que d’autres étaient des scélérats. » Chef Ambrose Maquinna, Gold River, 1997

(Le chef héréditaire Michael Maquinna de la Première Nation Mowachaht/Muchalaht est interviewé à l’écran, devant un agrandissement d’un dessin de leur village ancestral.)

Chef héréditaire Michael Maquinna : « Au début, ce n’était pas une mauvaise chose, mais avec le temps, nous avons réalisé que les choses n’avaient pas trop bien tournées pour les peuples des Premières Nations. »

Narratrice : Avec le déclin de la population des loutres de mer, les bateaux ont cessé de venir à Yuquot. Bien que les marchands de fourrures aient quittés notre territoire, la maladie qu’ils ont apportée est restée, avec des conséquences dévastatrices. 

(Le tambour et les chants en arrière-plan se font entendre plus forts et plus puissants. Un tableau des navires de commerce des fourrures change pour une vidéo montrant l’anse désormais vide.) 

(Interview d’archive datant de 1993 du chef Jerry Jack. Il a les cheveux noirs, porte de grosses lunettes et un coupe-vent bleu. Il s’exprime beaucoup avec ses mains en parlant.)

Chef Jerry Jack : Certaines tribus de notre nation ont été complètement disséminées. Il n’y a eu aucun survivant. Aucun. 

Citation à l’écran : « Nous savons qu’à une époque, il y avait de nombreuses tribus, et que nous étions plusieurs milliers… Au début du XXème siècle, nous étions moins de 300. » Chef Ambrose Maquinna, Gold River, 1997.

Narratrice : Personne aujourd’hui ne peut imaginer la souffrance qu’a pu endurer les quelques survivants parmi notre peuple.

(Photo en noir et blanc de 1896 de vingt Muchalaht, certains plus âgés et d’autres jeunes enfants. Photo de E. Flemming.)

Citation à l’écran : « Depuis cette triste époque, nous avons vécu d’autres situations humiliantes aux mains du gouvernement canadien : la perte de nos territoires, la perte de contrôle sur nos propres affaires, la perte de nos enfants – notre avenir – dans les pensionnats. » Chef Ambrose Maquinna, Gold River, 1997.

(Ghoo-Noom-Tuuk-Tomith est interviewé. Il est âgé et a les cheveux gris. Il porte une casquette de l’équipe de baseball des Rodgers et un manteau à carreaux rouges et noirs. Il est assis près d’un gros arbre.)

Ghoo-Noom-Tuuk-Tomith : Et je m’appelle Ghoo-Noom-Tuuk-Tomith. C’est mon vrai nom, et cela signifie « l’esprit du loup », et ce nom m’a été enlevé lorsque j’ai été au pensionnat. 

(Musique mélancolique. Photos de pensionnats.)

Ghoo-Noom-Tuuk-Tomith : L’Église catholique m’a donné des noms catholiques, comme Joseph Peter; c’est pourquoi mon nom est Raymond Joseph Peter. Raymond était un prénom, Joseph Peter m’a été donné par l’évêque sans le consentement de mes parents, ou sans la permission de mes parents. Il y avait 12, 14 enfants ici. Ils ont été emmenés et mis sur un bateau à vapeur pour aller au pensionnat à Kakawis Tofino. 

(Séries de photos en noir et blanc de jeunes garçons travaillant avec des pelles et des bêches, portant des bambins et posant en uniforme scolaire pour une photo de classe.)

Ghoo-Noom-Tuuk-Tomith : Et nous savions peu de chose de l’endroit où nous allions… Nous ne savions pas que nous allions en prison.

(Image en noir et blanc d’un pensionnat et de religieux. Une autre photo avec un prêtre et de jeunes pensionnaires.)

Narratrice : Lorsque le gouvernement a pris les enfants, tout le monde a été dévasté. Les enfants ne pouvaient pas apprendre leur langue, leurs traditions et leurs histoires. 

Ghoo-Noom-Tuuk-Tomith : Tout le temps passé là-bas était passé à travailler, travailler, travailler, avec très peu d’école. Nous passions la plupart du temps à construire des routes, à entreposer du charbon ou du bois pour le feu dans la fournaise. 

(Photos en noir et blanc de garçons et de filles dans différentes poses au pensionnat.)

Ghoo-Noom-Tuuk-Tomith : Nous, les enfants, nous étions forcés à faire ce genre de travail, et c’était très dur pour nous, les enfants. C’était terrible! Et on nous fouettait si on désobéissait. Nous recevions des coups de ceinture sur les mains ou sur les fesses. Les enfants, lorsqu’ils mourraient, les parents n’étaient pas informés. Ils étaient enterrés à l’école, sans que les parents ne sachent comment ou de quoi leurs enfants étaient morts. 

Narratrice : En 1917, la compagnie d’emballage Nootka a établi une conserverie près de Yuquot. 

(Photo en noir et blanc des édifices de la conserverie construits sur un quai avec plusieurs bateaux de pêche ancrés le long du quai. Photos de femmes portant un tablier avec les cheveux attachés.)

Narratrice : Presque tout le monde travaillait là. Alors que les femmes travaillaient dans la conserverie, les hommes s’engageaient sur des bateaux loués ou achetés avec des prêts de la compagnie.

(Photo en noir et blanc de huit bateaux de pêche alignés devant la conserverie.)

Ghoo-Noom-Tuuk-Tomith : Nous réussissions très bien, nous étions autonomes. Nous n’étions pas riches, mais nous gagnions notre vie dans l’industrie de la pêche. Il n’y avait que des Autochtones, des Japonais et des Chinois. Tous les gérants et les patrons étaient des Blancs.

(Photos en noir et blanc de femmes employées à la conserverie et de propriétaires blancs de la conserverie.)

Narratrice : À une époque, il y avait des conserveries tout le long de la côte de la C.-B., mais pour augmenter leurs profits, les compagnies ont fermé les conserveries les plus éloignées pour en construire de plus grosses dans les villes. 

(Carte animée des conserveries le long de la côte de la C.-B.. Avec le temps, il y a eu de moins en moins de conserveries.)

Narratrice : La conserverie de Nootka a fermé en 1945. Nous avons alors tenté d’établir notre propre coopérative de pêche.

Ghoo-Noom-Tuuk-Tomith :  Et cela a été réduit à rien. Ils ont détruit le camp de pêche, ils ont tout pris. Et cela nous a fait vraiment mal. C’était notre gagne-pain. Comme je l’ai dit, pas pour devenir riches, mais pour gagner notre vie, hein. 

Narratrice : Plutôt que de nous aider à soutenir notre communauté, le gouvernement voulait nous forcer à quitter Yuquot. 

Ghoo-Noom-Tuuk-Tomith : Nous avions 26 bateaux de pêche à la traine ici. Ils les ont incendiés; ils en ont emporté certains sur la plage et les ont brûlés en présence de la GRC. Nos gens avaient peur; nos gens étaient terrorisés devant les Affaires indiennes, le commissaire et la GRC. 

Narratrice : La fermeture de l’école primaire de Yuquot a été la goutte qui a fait déborder le vase. Cela signifiait que nous devions envoyer nos enfants dans un pensionnat éloigné à un âge encore plus précoce. Des familles se sont mises à partir.

(Photo en noir et blanc d’une petite école à un étage. Photo d’une fillette tenant son petit frère.)

Chef Michael Maquinna : J’ai quitté Yuquot quand j’était jeune. J’y ai vécu jusqu’à l’âge de quatre ou cinq ans. J’y ai passé du temps extraordinaire, très centré sur la famille, j’ai un souvenir d’une communauté très saine. Nous avions une économie dynamique et certainement de bons moyens de subsistance grâce à certaines de nos ressources et surtout à l’industrie de la pêche.

(Séries de photos en noir et blanc de villageois souriants et posant pour la caméra.)

Narratrice : Le gouvernement a permis aux compagnies forestières de commencer à couper notre forêt mature dans les années 1930.

(Images contemporaines de douzaines de souches sur les rives d’une anse.)

Narratrice : Un grand barrage hydroélectrique a été construit sur notre territoire dans les années 1950. 

(Une photo en noir et blanc du site de construction du grand barrage.)

Narratrice : La mine de Myra Falls a été ouverte ici en 1966. Nous n’avons jamais été consultés ou n’avons jamais reçu de compensations adéquates pour le développement de ces ressources.

(Photo couleur d’une mine avec la colline excavée derrière.)

Chef Michael Maquinna : Nous avons été colonisés à fond et nous souhaitons nous décoloniser. En espérant réussir à nous décoloniser avec le temps.

Narratrice : En 1964, la compagnie Tahsis a ouvert une usine de pâtes et papiers à Ahaminaquus, près de Gold River. Les Affaires indiennes ont offert de construire une nouvelle réserve pour la bande, à 100 mètres de l’usine.

(Vidéos de l’intérieur de l’usine de pâtes et papiers, avec de grosses machines.)

Narratrice : La bande accepta de déménager sous promesse d’obtenir de nouveaux emplois offerts par l’usine. Tout le monde était confiant que cela marquerait le début d’un temps nouveau. Mais seulement une poignée d’entre nous a travaillé à l’usine.

(Extrait de film du développement résidentiel à Ahaminaquus dans les années 1990.)

Margarita James est interviewée. Elle porte un chandail à fleurs, des lunettes mauves et ses cheveux gris sont tirés vers l’arrière. Elle est assise en face d’une bibliothèque.)

Margarita James : Mon fils Jordan était bébé et je l’avais posé dans un porte-bébé sur notre balcon, comme nous le faisions, quand il faisait beau. Je croyais que c’était une belle journée jusqu’à ce que je me retourne pour le regarder et que je le vois recouvert de fines. C’était comme de la farine ou du sucre en poudre, partout sur lui. J’ai dit à son père : « C’est horrible ». Et il a dit : « Hé bien, c’est cette usine. »

(Vidéo d’archive du chef Jerry Jack pointant une photo aérienne de la réserve près de l’usine.)

Chef Jerry Jack : En raison des conditions de vie de nos gens, la vie sur la réserve a été une autre histoire d’horreur. Nous vivons sur seulement 9 acres! C’est le seul bout de terre qui nous reste, ici, et l’usine loue tout le reste. Et plusieurs d’entre nous vivent dans la pauvreté, bien que nous ayons une usine en plein dans notre réserve. Le smog et l’odeur et le bruit. C’est tout simplement vraiment… C’est tout simplement horrible, c’est tout simplement horrible.

Margarita James : L’usine à cette époque était horrible, comme l’a dit Jerry Jack, « c’était une histoire d’horreur. » Elle crachait des fines. La rivière et le poisson étaient affectés – les stocks en étaient affectés, réduits à une poignée. 

(Vidéo d’un petit bateau à moteur qui passe devant l’usine de pâtes et papiers alors qu’elle libère une grosse quantité d’émissions.)

Margarita James : Seulement les conditions, la machinerie lourde sur le chemin… et l’eau de la rivière que nous buvions. Il n’y avait pas de système d’égouts proprement dit dans le village de Gold River. C’était tout simplement horrible, tout simplement horrible.

Chef Jerry Jack : Et cela a eu un impact psychologique important sur nos gens, un très gros impact psychologique. Et quand on a commencé à revenir ici, ce n’était plus pareil. Nos gens n’étaient plus les mêmes. 

Narratrice : Dans les années 1970, la conseillère de la bande du chef élu Mary Johnson et le chef héréditaire Jerry Jack ont mené une campagne pour fermer l’usine et compenser la bande. L’affaire a pris 20 ans à se régler.

Margarita James : Je suis arrivée en 1982 comme directrice générale de la bande par intérim. Une opportunité de faire un projet de recherche en archives s’est présentée et ce qui est ressorti de ce projet, ce sont les dossiers sur le contrat de location de l’usine, son histoire.

Narratrice : Les recherches ont démontré que le gouvernement avait faussement déclaré avoir consulté les membres de la bande à propos du contrat de location de l’usine. Une inspection de l’hygiène environnementale a aussi déclaré que certaines maisons à Ahaminaquus étaient « impropres à l’habitation humaine ».

Margarita James : Nos avocats ont dit que ce n’était pas juste, alors nous, les Mowachaht/Muchalaht, avons entrepris une poursuite contre le gouvernement du Canada. Et nous avons dû attendre 10 ans avant de pouvoir se présenter en cour. Le conseil des chefs a signé l’offre des gouvernements fédéral et provincial de 9,6 millions de dollars pour relocaliser les 28 ménages existants sur la réserve d’Ahaminaquus #12. « Où voulez-vous aller? » Tout le monde a dit, la majorité des gens ont dit, Yuquot. Mais 9,6 millions n’étaient pas assez pour relocaliser 28 maisons, et pour fournir des écoles et des services de santé. Nous avons alors dû faire marche arrière et nous demander : quelles sont nos autres options?

(Une carte animée avec des flèches et des lignes pointillées montre le long trajet en mer à faire d’Ahaminaquus à Yuquot.)

Narratrice : En 1996, la bande accepta de déménager sur une nouvelle réserve à TsaXana, au nord de Gold River. L’usine a fermé en 1999 à la suite de plusieurs violations environnementales. Mais qu’allait devenir Yuquot?

Margarita James : C’est vraiment grâce à Ambrose, c’est lui qui a reconnu l’importance de l’histoire globale, de l’histoire mondiale à Yuquot. Tout le monde appréciait l’histoire européenne car elle mettait vraiment l’emphase sur l’importance du chef Maquinna et de son importance pour l’histoire du Canada. Maquinna a été le premier à dire : « Nous voulons partager Yuquot avec le reste du monde. » Alors, comment allons-nous faire ça? 

(Musique enjouée et vidéos contemporaines de familles montant à bord d’un bateau.)

Margarita James : On a décidé de faire une célébration estivale annuelle. Une journée. Et quand nous avons eu une discussion avec les aînés, il a été décidé que nous allions célébrer l’histoire de tout le monde à Yuquot ce jour-là. La première fête d’été a eu lieu le 28 août 1992. Et ce jour-là a été une célébration de la rencontre entre le capitaine Vancouver, le chef Maquinna et le capitaine espagnol Bodega y Quadra.

(Vidéoclips des fêtes estivales des années 1990 à aujourd’hui.)

Narratrice :  D’autres mesures pour encourager davantage de touristes à visiter Yuquot ont suivi : en 1993, le chef Max Savey a établi un service de bateau-taxi pour aller à Yuquot et à la baie Nootka. Plus tard, six cabines pour touristes ont été construites. En collaboration avec Parcs Canada, les aînés ont élaboré un plan pour Nis’Maas, un centre d’interprétation. Au centre, nous voulons que ce soit nos gens qui racontent les histoires, afin d’enlever la lunette du colonisateur et d’offrir aux visiteurs une perspective autochtone de notre histoire.

(Des croquis de plans du Nis’Maas. Les édifices ressemblent à des maisons longues, avec des cases à l’intérieur pour y mettre des biens culturels.)

Margarita James : Ce sont donc les plans que nous avons au Nis’Maas. Je trouve que c’est très intéressant, merveilleux, et fabuleux d’avoir l’opportunité de faire cela et j’espère que ça se concrétisera de mon vivant.

(Margarita sourit et regarde au loin.)

Narratrice : En 1923, la Commission des lieux et monuments historiques du Canada a reconnu la baie Nootka comme un site historique. Mais la plaque qu’ils ont produite ne dit rien à propos du chef Maquinna ou du peuple Mowachaht, ou de Yuquot. Lors de la fête d’été de 2021, nous avons célébré avec Parcs Canada l’arrivée d’une nouvelle plaque qui raconte notre histoire selon notre perspective, et qui parle de Yuquot, le centre de notre monde – là où l’abondance et l’énergie de l’océan rencontre la majesté et la richesse de la forêt et des anses.

(Extraits de vidéos contemporaines de la fête d’été avec des tentes montées sur la plage. Quelques images montrent les nouvelles plaques. La vidéo se termine avec un balayage panoramique sur le pilier de bienvenue de Yuquot et la plage. On entend des tambours et des chants.)